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Tribune Décembre 2025

Au moment où s’achève l’année 2025, un épisode en apparence anodin révèle pourtant une réalité préoccupante : à Bessancourt, la majorité municipale a tenté — discrètement — de priver l’opposition de son droit d’expression dans le journal communal, avant de revenir précipitamment en arrière lorsque l’illégalité manifeste de cette décision lui a été rappelée.

Cette séquence, qui aurait pu demeurer un simple dysfonctionnement administratif, interroge pourtant bien davantage. Elle soulève une question fondamentale : comment une municipalité peut-elle envisager, même un instant, de priver les Bessancourtoises et les Bessancourtois de l’expression pluraliste garantie par la loi ?

Car le droit d’expression des élus d’opposition n’est pas un privilège. C’est une exigence démocratique, inscrite noir sur blanc à l’article L. 2121-27-1 du Code général des collectivités territoriales, qui impose de réserver un espace aux élus n’appartenant pas à la majorité dès lors qu’un bulletin municipal est publié. Ce droit est d’ordre public, donc ni négociable, ni suspendable, ni conditionnable à quelque « période de réserve » que ce soit.

Or, c’est précisément ce qui a été tenté : on nous a expliqué que, parce que les élections approchaient, aucune tribune ne serait publiée — pour personne. Cet argument, dénué de fondement légal, est régulièrement écarté par les juridictions administratives, qui rappellent depuis plus de vingt ans qu’une municipalité ne peut ni supprimer, ni neutraliser, même temporairement, l’expression de ses élus.

Face à ce rappel du droit, la mairie a fini par admettre qu’elle ne pouvait agir ainsi. Mais le mal est fait : que dit cette tentative sur la conception qu’a l’actuelle majorité de la démocratie locale ?

Ce n’est pas une « erreur ». C’est un symptôme.

Le symptôme : 
d’une gouvernance qui confond communication institutionnelle et contrôle de l’information
d’une majorité qui considère la parole publique comme un espace qui lui appartiendrait
d’une culture politique qui supporte mal la contradiction.

Une commune n’est jamais aussi forte que lorsque la pluralité des voix peut s’y exprimer. Une mairie n’est jamais aussi respectable que lorsqu’elle respecte, précisément, les règles qui encadrent l’action publique. Et une démocratie locale n’est vivante que si les élus, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires, peuvent s’adresser librement aux habitantes et aux habitants.

Nous continuerons, pour notre part, à défendre ce droit. À rappeler ce que dit la loi, même lorsque cela dérange. Et à porter une vision de Bessancourt qui ne craint ni le débat, ni la transparence, ni le pluralisme.

Car la démocratie ne se résume pas à des échéances électorales. Elle se construit chaque jour, dans les actes les plus simples comme dans les principes les plus essentiels : le respect du droit, l’honnêteté institutionnelle, et la confiance dans l’intelligence collective des citoyens.

Je souhaite à chacune et chacun de bonnes fêtes de fin d’année et une bonne et heureuse année 2026.